Etrange complicité by Suzanne Enoch

Etrange complicité by Suzanne Enoch

Auteur:Suzanne Enoch [Enoch, Suzanne]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


12

Malgré l'apparente résolution de lady Camille à affronter ce rendez-vous de la dernière chance, Keating ne la quitta pas des yeux tandis qu'ils descendaient de la calèche, puis entraient dans l'auberge. S'il avait fallu des années de désintérêt de la part de Fenton pour la faire fuir, il suffirait à présent d'un mot de travers ou - le Seigneur les en préserve - d'un simple regard à une maudite montre de gousset pour que la jeune femme claque la porte une seconde fois. Il ne restait plus qu'à espérer que Fenton, conscient que la glace sur laquelle il marchait était très fine, fasse un minimum d'effort pour se montrer poli, voire diplomate.

Mlle White s'approcha de lui tandis que l'aubergiste, après leur avoir fait traverser une salle bondée, les escortait dans un salon privé, à l'arrière du bâtiment.

— Seriez-vous fâchés, tous les deux ? murmura-t-elle.

— Manifestement, répondit-il sur le même ton.

Voyant lady Camille tressaillir à la vue de la silhouette solitaire assise devant l'âtre, il ajouta :

— Si être en colère contre moi lui donne du courage, ma foi, j'ai le cuir assez épais pour le supporter.

— Rappelez-vous juste que vous lui avez promis de veiller sur elle. Et que Camille, c'est d'abord un cœur.

Il se tourna vers sa voisine, essayant de concilier cette sagesse et cette gravité inattendues avec l'humeur pétillante et facétieuse dont la jolie rousse faisait preuve d'ordinaire.

— Ne vous donnez plus la peine de paraître légère et frivole avec moi, chuchota-t-il, parce que je ne m'y laisserai plus prendre.

— Nous faisons tous ce qu'il faut pour survivre, monsieur Blackwood.

Tandis qu'il assimilait ces paroles pleines de bon sens, Camille s'immobilisa au milieu de la pièce. « Lève-toi ! » ordonna-t-il en silence à son cousin, qui dut l'entendre, car il se mit debout.

— Lady Camille, dit-il d'une voix traînante.

La jeune femme le salua d'un hochement de tête.

— Lord Fenton.

Apparemment, leur conversation en resterait là. Avant que le silence les assourdisse tous, Keating commanda à l'aubergiste un faisan rôti et lui ferma la porte au nez.

— Stephen, je te présente Mlle White. Sophia, voici lord Fenton.

Passant devant Camille, il se dirigea vers la table et s'y assit sans façons.

— J'espère que tu as commandé un bon vin, Stephen.

Son cousin s'approcha lentement de la table.

— Du bourgogne.

— Parfait. Et maintenant, asseyez-vous tous. Fenton, serait-ce de nouveaux chevaux, que j'ai vus attelés à ta voiture en arrivant ?

— Oui. J'ai un faible pour les bais. Ils s'appellent Achille et Ajax, et d'après leur éleveur, ils sont demi-frères.

— Ils sont superbement assortis, commenta Keating.

Du coin de l'œil, il vit Camille prendre place sur sa droite et Sophia sur sa gauche. Fenton risquait de ne pas apprécier d'être face à leur infréquentable trio, mais puisqu'ils n'avaient pas de témoins, il fallait espérer que sa fierté le supporterait.

— Je ne les aurais pas achetés s'ils ne l'avaient pas été, rétorqua le marquis d'un air hautain.

Keating s'interdit de lever les yeux au plafond. Il ignorait à quel moment il était devenu l'arbitre de la cordialité de leur petit groupe, mais il ne se sentait guère qualifié pour cette tâche.



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